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Le paiement des créances dues aux entreprises locales ne bénéficie pas de la même attention accordée aux partenaires étrangers du Cameroun. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la création d’emplois et partant, la réduction de la pauvreté, principaux objectifs de développement du pays.

“Honorer les engagements de l’Etat vis-à-vis des bailleurs”; “honorer les engagements de l’Etat vis-à-vis des résidents”. Tels sont les deux objectifs du programme Dette publique dans le budget de l’Etat. Le “taux de paiement” étant l’indicateur de performance qui permet d’apprécier le niveau de réalisation de l’objectif à la fin de l’exercice budgétaire. Au 31 décembre 2020, la Caisse autonome d’amortissement (CAA) a répertorié 9 383 milliards de Fcfa de dette directe de l’administration centrale. Selon le “Portefeuille de la dette publique du Cameroun au 31 décembre 2020 et viabilité à l’horizon 2030” publiée fin mars 2021 par la CAA, la dette directe de l’administration centrale (y compris les Restes à Payer de plus de trois mois) est en augmentation de 7,9% sur un an; composée à 71,8% de dette extérieure et 28,2% de dette intérieure. Bien plus “cette composition est légèrement différente de celle de l’année dernière qui était de 73,6% de dette extérieure et 26,4% de dette intérieure.” En clair, la dette intérieure s’accumule (en valeur relative) quand la dette intérieure diminue. La stratégie d’endettement à moyen terme (2021-2023) vise une composition du portefeuille de 76% de dette extérieure et 24% de dette intérieure. Pour le même exercice, le service de la dette était prévu pour 1 011,92 milliards de Fcfa dans la loi de finances initiale, puis ramené à 913,72 milliards dans le budget rectificatif soit 539,72 milliards de dette intérieure et 374 milliards de dette extérieure. Pour mieux apprécier les sommes en jeu, il faut, par exemple, rappeler que le chiffre d’affaires annuel moyen des entreprises au Cameroun est estimé par l’Institut national de la statistique à l’issue du 2ème recensement général des entreprises à environ 64 millions de FCFA…C’est dire combien l’enveloppe budgétisée pour la dette intérieure aurait été plus qu’une bouffée d’oxygène pour les entreprises locales en 2020. Surtout avec l’apparition de la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19. Mais la CAA indique que “le service de la dette publique payé de janvier à décembre 2020, hors Restes à Payer, se chiffre à 573,4 milliards de Fcfa, alloués à 62,8% au règlement de la dette extérieure ; et 37,2% au règlement du service de la dette intérieure (hors Reste à Payer)”. Ce service est en diminution de 20,1% par rapport à celui de 2019, notamment du fait des allègements de dette obtenus dans le cadre de l’initiative du G20 relative à la suspension du service de la dette extérieure (Dssi), estimés à 124 milliards de Fcfa de mai à décembre 2020. “Il est à noter que le Cameroun a honoré de manière satisfaisante ses engagements de paiement à bonne date du service de la dette, notamment de la dette extérieure, préservant ainsi la qualité de la signature de l’Etat”, se félicite le directeur général de la CAA, Richard Evina Obam, par rapport à la gestion de la dette publique. Quid de la dette due aux résidents?

Mauvaise affaire

Ce traitement de faveur accordé aux créanciers étrangers est devenu une habitude pour le gouvernement. Dans une Lettre de réforme adressée au président de la République en janvier 2015, l’ingénieur financier, Babissakana, s’étonnait déjà de ce que l’Etat, solvable, accumulait des impayés. A fin 2020, les Restes à Payer de plus de trois mois étaient évalués à 186 milliards de Fcfa. A fin 2016, le gouvernement indiquait que « les arriérés de paiement domestiques de la dette publique n’étaient [plus que] de 3,5 % du PIB soit près de 527,3 milliards de FCFA. Pourtant, les économistes expliquent qu’éponger la dette publique intérieure revêt un enjeu de consolidation du tissu économique puisque l’accumulation de la dette étatique est un frein au développement de ces entreprises et sape les efforts qu’elles déploient pour se sortir de la trappe de la vulnérabilité. D’ailleurs, les analystes sont d’avis que la dette publique intérieure est au mieux un frein à la croissance des entreprises et au pire une cause de faillite pour celles qui n’ont pas un matelas financier assez large. « Les arriérés sont à l’origine d’un freinage substantiel d’activité économique avec des conséquences néfastes notamment en termes de fermeture des plusieurs petites et moyennes entreprises et de destruction de nombreux emplois», explique Babissakana.

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