Guerre ouverte entre le MINESEC et le Directeur de l’Office du Bacc.
« Quand les éléphants bagarrent, ce sont les herbes qui souffrent », cette assertion en dit long au moment où les langues se délient au Cameroun pour dénoncer les épreuves peu orthodoxes du baccalauréat 2021. Pour certains analystes, il fallait s’y attendre depuis que la guéguerre entre le MINESEC et le directeur de l’OBC perdure. Au cœur de ce scandale éducatif qui soulève les vagues, ou pointe d’un doigt accusateur certains inspecteurs pédagogiques à la solde du MINESEC et qui auraient ajouté du sel de trop aux épreuves. Et pour quel but s’interrogent certains observateurs. D’autres observateurs avertis voient en cette dérive pédagogique la face hideuse du professeur NALOVA LYONGA à qui certains s’interrogent pour qui roule-t-elle ? depuis le lycée général Leclerc, Jean TABI, la Retraite, collège François Xavier Vogt en passant par d’autres établissements scolaires de référence au Cameroun, tout le monde s’accorde à reconnaitre que les épreuves de baccalauréat de 2021 sont hors programmes et dans une moindre mesure ce que les élèves n’ont pas vu en classe.
La nuit de jeudi à vendredi a été particulièrement agitée au ministère des Enseignements secondaires (Minesec) où le chef de ce département, Pauline Nalova Lyonga, est apparu au bord des larmes au milieu de la nuit. Et pour cause, une fois de plus, elle a manqué son pari d’organiser une session de baccalauréat sans faute. Rappelant qu’elle l’avait promis au chef de l’Etat, à la communauté éducative nationale et à l’opinion inter- ; nationale, elle n’a eu de cesse de j dire qu’elle s’estime piéger par la situation qu’elle tentait de camoufler. En effet, au terme de la troisième journée du déroulement des épreuves écrites, il s’est avéré que les épreuves de mathématiques, histoire et géographie proposées aux candidats de série A, ne relèvent pas des unités d’enseignement connues au Cameroun.
Une situation qui a non seulement agacé les dirigeants d’établissement, mais aussi les enseignants et candidats. Surtout que les sujets proposés aux élèves ne s’adossaient pas, comme c’était le cas en géographie et mathématiques, sur l’approche par les compétences. Aux premières heures de la journée du vendredi 11 juin, la veille de la fin de la session écrite du baccalauréat, le même problème était signalé aux enseignants et candidats en ce qui concerne l’éducation à la citoyenneté. En tout cas pour chaque cas, des enseignants des universités spécialistes des domaines concernés par les différentes épreuves à problème, et ceux associés à la chaine de l’organisation des examens officiels au Cameroun, ont été appelés d’urgence pour tenter d’amortir le choc. Avec pour consigne de ne laisser échapper aucune fuite en direction de la presse.
«C’est difficile de comprendre I les logiques qui guident le travail de certains dans ce pays. Ce que vous relatez est complètement incompréhensible. Comment un enseignant peut-il proposer une épreuve qui n’est pas du programme de sa propre progression? Plus grave, pour qui conçoit-il une épreuve dont la méthodologie d’enseignement est adossée à autre chose? Il faut remonter la chaine de responsabilités dans cette affaire. Sinon, le baccalauréat va continuer de couler. D’une année à l’autre, les manifestations du cancer qui gangrène le Bac chez nous prennent d’autres formes.
Il faut y mettre un terme», commente un inspecteur national de pédagogie à la retraite. Totalement remonté, l’homme qui n’a pas souhaité faire citer son nom souligne que ces épreuves sont la résultante des mauvaises relations actuelles entre l’Office du baccalauréat du Cameroun (Obc), et le Minesec.
En tout cas, l’on apprend que la sélection des sujets requiert des proposions faites depuis les lycées et collègues. Ici, ce sont les animateurs pédagogiques qui sont à l’ouvrage. Après des concertations sont ouvertes avec l’appui des enseignants qui enseignent la même discipline aussi bien dans les universités que dans le secondaire. L’inspection générale des enseignements qui se fait assistée par les enseignants du supérieur sélectionne alors 12 sujets par matière. Ces sujets sont mis à la disposition de l’Office du baccalauréat du Cameroun qui a la devoir d’opérer les choix pour l’examen. Tout ce processus doit être conforme au programme et a la méthode d’enseignement en vigueur au Cameroun. Pour le cas d’espèce, «l’Obc semble avoir fait à sa tête», croit savoir l’inspecteur national à la retraite. Toujours est-il qu’au ministère des Enseignement secondaires, ces perturbations de la session du baccalauréat 2021, ont pris une autre allure. Le ministre des Enseignements secondaires estimant qu’il s’agit d’un coup tordu visant à la déstabiliser en ce moment où le remaniement ministériel est sur toutes les lèvres.
LA STRUCTURATION PEDAGOGIQUE DES EPREUVES D’ECM ET GEOGRAPHIE QUERELLEE
Ne respectant pas la méthodologie d’Approche par les compétences(Apc) nouvellement inscrite dans les modules d’enseignement, le corps enseignant dénonce une faute professionnelle lourde, l’inspection nationale insiste officier en fonction des commandes faites par la Direction des examens et concours du Minesec et l’Office du baccalauréat de son côté, dit ne pas gérer l’aspect pédagogique des épreuves.
Depuis samedi 12 juin dernier, les différents candidats au baccalauréat d’enseignement général ont déjà bouclé la phase des épreuves écrites comptant pour cette session de juin 2021. Malgré la clôture du déroulement de cet examen officiel qui ouvre les portes du Supérieur aux apprenants, le sujet concernant la structuration pédagogique des épreuves de géographie pour les séries A et ABI ainsi que celle d’Education civique et morale (Ecm) pour toutes les séries confondues agite toujours au sein de la communauté éducative.
Après le passage desdites épreuves d’une valeur de coefficient 2, les chevaliers de la craie ont exprimé leur mécontentement portant sur l’ancienne méthodologie et les anciens modules d’enseignement. Les citoyens pouvaient ainsi lire des interrogations éducatives sur l’écart observé entre l’Approche par les compétences (Apc) nouvellement intégrée dans le système éducatif et les épreuves de géographie et d’Ecm servis aux postulants contre toute attente.
Dans ce sens, l’on notait des réactions telles que : « L’épreuve de géographie des séries A et ABI ainsi que l’épreuve d’Ecm de toutes les séries portent sur les anciens programmes et sur d’anciennes méthodologies. Les candidats sont totalement largués. C’est exceptionnel » Ou encore « Le ministre des Enseignements secondaires et le directeur de [‘Office du Baccalauréat doivent donner des explications. Ailleurs, on dépose sa démission.» « Nous avons reçu des programmes en début d’année (Apc) pour les classes de Tles. Et nous avons enseigné selon ces programmes. Pourquoi tout changer subitement ? » Face à cela, le corps enseignant interpelle l’Office du baccalauréat du Cameroun (Obc) et sa tutelle technique le ministère des Enseignements secondaires (Minesec):
Silence gouvernemental
Dans cette ambiance, aucune entité impliquée dans le processus de validation, production des épreuves ne veut porter la culpabilité. D’abord, au niveau de l’inspection nationale, l’organe réfute toute imputation dans l’introduction des sujets dans la banque des sujets, le tirage des disciplines de composition. « Les Inspections nationales (Ipn) élaborent les épreuves avec la contribution de quelques enseignants de terrain. C’est l’équipe de cobaye. Ceci est vrai dans toutes les inspections. L’Ipn, chef d’atelier appose son visa au verso de chaque page de l’épreuve validée. Plusieurs épreuves sont produites suivant la commande faite par la direction des Examens et concours ou par l’Obc. Toutes ces épreuves sont scellées et déposées sous bordereau auprès de chacune des structures citées ci-dessus. A ce niveau s’arrête le travail de l’Jpn », lisait-on dans les groupes d’échanges en guise de riposte.
L’Obc, par la voix de son chargé de communication, Urbain D’Assise Mvoula rejette également toute responsabilité en rappelant ses missions dans le déroulement des examens I au Cameroun. Le porte-parole de Roger Etienne Minkoulou souligne que l’Obc, en dehors de la supervision du volet évaluation dans les centres d’examens, il s’occupe au préalable de la multiplication des épreuves et puis leur acheminement vers les centres. « Les sujets sont confectionnés par les inspecteurs nationaux et nous ont transmis scellés. C’est donc à eux qu’il revient de répondre à cette question. L’Obc ne gère pas les aspects pédagogiques, plutôt l’aspect évaluation. Tout juste. Nous multiplions et convoyons vers les centres d’examen. Voilà notre travail », se défend-t-il. Par contre au Minesec qui coordonne les Ipn, aucune déclaration officielle n’est encore prononcée pour apporter des explications à la communauté éducative. « Personne ne s’est encore prononcée sur cette question », explique Henri Bomba de la Communication spéciale de la Minesec, Pauline Nalova Lyonga. Pendant ce temps, la tension monte.
S : Essingang