Alors que tous les pays utilisent une grande partie de ces dettes pour financer efficacement leurs économies, au Cameroun Louis Paul Motaze est célébré parce qu’il a obtenu 450 milliards de FCFA à un taux d’intérêt de pratiquement 6%, alors que cet argent servira à rembourser le précèdent eurobond. Une dette dont les retombées n’ont eu aucun impact sur l’économie du pays, sinon à financer les éléphants blancs et projets foireux pilotés par ce ministre qui est devenu au fil des années, un véritable mouton noir du gouvernement.
Le Cameroun, dit-on communément est un pays béni des dieux. Curieusement, ses enfant s’échinent à délibérément à transformer cette bénédiction en pure malédiction. Ce qui se passe au pays de Paul Biya aujourd’hui se passe de tout commentaire. Porter un ministre en triomphe parce qu’il a pu obtenir un crédit relève d’une hérésie lorsqu’on connait les richesses dont recèle le pays. Pourtant, les faits sont têtus, Tout de que louis Paul Motaze touche se transforme en eau de boudin. Les projets structurants qui devaient mettre le Cameroun sur le chemin de son émergence le témoignent à suffisance. Au début du XVIIIe siècle, Bernard de Mandeville avait fait scandale en publiant la Fable des abeilles : il y expliquait que la dépense ostentatoire des uns permettait de faire travailler les autres, donc contribuait à faire fonctionner la société correctement. Il en est de même aujourd’hui de l’endettement. Sans lui, l’économie contemporaine ne s’effondrerait peut-être pas. A coup sûr, elle végéterait. La morale réprouve habituellement l’endettement, car, en poussant à la dépense, il peut contribuer à broyer les plus faibles, les mettant à la merci du prêteur. Jusqu’où ce gouvernement fera a-t- il vivre le pays dans le leurre des véritables réclames entretenues pour masquer les lueurs sur une dégradation tendancielle de la situation des finances publiques de l’État ? L’épisode de la proclamation de la réussite du refinancement de l’Euro Bond contacté en 2015 n’est en réalité que la feuille de vigne qui cache une réalité inquiétante, celle du recours à la « cavalerie financière » pour masquer une incapacité de l’État à faire face à un engagement pris…à la légère en ces temps-là, révèle Célestin Bedzigui. Qu’a-t-on fait des ressources de l’eurobond de 2015 ? C’est la question qui taraude les esprits des camerounais en ce moment. Initialement prévu pour financer exclusivement le plan d’urgence triennal lancé par le gouvernement, Les ressources mobilisées via cet emprunt international devaient notamment financer la construction de deux axes routiers de désenclavement dans chaque région, la création d’agropoles et de 120 000 hectares de périmètre hydro-agricole, de grands marchés de ravitaillement en denrées, l’aménagement d’ouvrages de retenue d’eau dans les trois régions du nord du pays… Et servir aussi à refinancer partiellement la Société nationale de raffinage (Sonara). Résultat des courses, toujours pas de routes, pas d’énergie électrique, pas d’eau potable… avec en prime la dégradation exponentielle de la qualité de la vie des populations.
Pourquoi faire compliquer alors qu’on peut faire simple ?
De l’avis des observateurs avertis, le Cameroun n’avait pas besoin de s’endetter pour se financer. Certes, même les grands pays s’endettent. Seulement, Il ne s’agit pas des dettes de même nature. Les pays occidentaux s’endettent en leur monnaie auprès de leurs opérateurs économiques. Le Cameroun quant à lui s’endette en monnaies étrangères c’est à dire en devises. Ce qui aura des conséquences néfastes sur sa balance de paiement, voire commerciale qui deviendront de plus en plus déficitaires. En fait, quand arrivera le moment de payer cette dette, il la paiera soit en euros, soit en dollars. Ce qui n’est pas le cas des pays occidentaux. Cet eurobonds de 450 milliards est une nouvelle dette qui vient se superposer à celle de 2015, dans la mesure où, les échéances de remboursement de la dette de 2015 commenceront à courir en 2023. En d’autres termes, c’est en 2023 que le Cameroun commencera à rembourser la dette de 2015. D’après certaines sources, l’argent prévu pour ce remboursement vient d’être collecté. Est-ce à dire que le Cameroun va conserver ou bloquer les 450 milliards dans un compte en attendant 2023 ? Ceci paraît invraisemblable. Le Cameroun va bel et bien utiliser les 450 milliards d’eurobonds entre temps et pour autre chose. Ces 450 milliards, étant utilisés entre temps, ils ne sont donc pas destinés à rembourser l’euro bonds de 2015, sauf à les bloquer dans un compte séquestre en attendant 2023 et 2025. En matière d’endettement par emprunt obligataire, ce n’est pas le taux d’intérêt de l’endettement qui préoccupe le plus, mais la durée des échéances de remboursement. Les emprunteurs privilégient les longues échéances d’endettement. L’eurobond de 450 milliards à une échéance de 11 ans. C’est très long pour un emprunt obligataire c’est à dire non concessionnel. La solution n’est donc pas le recours à l’endettement. De l’avis de Me Christian Ntimbane Bomo, « le Cameroun a une chance inouïe. C’est un pays qui a de l’or partout. Selon de nombreuses études 20% du territoire Camerounais contiennent de l’or. Or pour exploiter de l’or, on n’a pas besoin d’une grande mécanisation. D’ailleurs, il est souvent extrait par des moyens rudimentaires. Que le gouvernement confie au génie militaire camerounais, avec ses engins et son personnel militaire la mission de service public d’exploiter nos mines d’or. En quelques mois, nous aurons de grandes quantités et stocks d’or que nous pourrons vendre et obtenir des financements nécessaires pour notre économie et notre fonctionnement. Rien ne justifie que des compagnies chinoises et autres exploitent notre or pour constituer des réserves d’or dans leurs pays, et créer ou renforcer leur monnaie qu’ils nous emprunteront plus tard. L’armée camerounaise est une armée de production, il ne faut pas l’oublier. Mener la guerre contre la pauvreté et pour le développement fait partie de leurs missions régaliennes ».