Régulièrement présenté comme un successeur possible de son président de père, Franck Biya cultive la discrétion. Mais il est loin d’être inactif dans le monde des affaires et même des réseaux politiques du Cameroun.
La question de l’alternance au sommet de l’Etat n’est plus taboue au Cameroun, même s’il a été réélu en 2018, Paul Biya, 88 ans dont 37 au pouvoir est de plus en plus diminué par le poids de l’âge. Plusieurs pensent déjà à sa succession. Parmi les potentiels successeurs du vieux lion à Etoudi, figure en bonne place l’autre Biya. Il s’agit en effet de Franck Biya, le fils du président de la République du Cameroun. C’est le fruit de son mariage avec sa première épouse de vénérée mémoire Irène Biya. L’idée de le voir à Etoudi, comme président ne plait pas à plusieurs pontes du régime actuel. Mais de l’avis de certains camerounais, Franck Biya est un candidat idéal pour son clan. N’en déplaise à certains caciques du régime qui estiment que le fils ainé du président de la République est un imposteur qui veut récolter là où il n’a pas semé. Ce n’est pas la première fois qu’un tel sujet alimente les débats au Cameroun. A priori, l’idée paraît saugrenue, d’autant qu’à ce jour peu d’indices l’accréditent. Franck Biya ne semble intéressé ni par la politique ni par les affaires publiques. Son nom n’apparaît nulle part dans l’organigramme officiel de la présidence. Il ne s’est jamais présenté à une élection, fuit les journalistes et n’a jamais donné d’interview. Peu de personnes le connaissent vraiment, d’autant qu’il a conservé le même entourage depuis ses années de lycée, passées dans des établissements catholiques de Yaoundé. Beaucoup moins encore savent la vérité sur les circonstances qui le poussèrent, dans les années 1990, à interrompre ses études universitaires aux États-Unis pour se lancer dans l’exploitation forestière au Cameroun. Depuis, il a élargi son champ d’activité. Meilleur intermédiaire pour obtenir l’imprimatur présidentiel, il a une influence considérable. On le retrouve donc au cœur de projets impliquant des investisseurs désireux de s’implanter au Cameroun dans le secteur minier, le transport aérien, l’énergie et les télécommunications… Le jeune homme aurait, depuis, décliné une nomination à la direction du cabinet civil de son père tout en restant, malgré tout, régulièrement pressenti au gouvernement. Si certains Camerounais voient un après Biya avec son fils à la tête du pays, comme Faure Gnassingbé au Togo ou Ali Bongo Ondimba au Gabon, d’aucuns affirment que c’est un scénario qu’on ne saurait envisager au Cameroun. « Le Cameroun ne sera jamais le Gabon, ni la RDC, ni le Togo. Le Cameroun est un pays qui a pour vocation à se libérer le plus rapidement possible des chaînes du système néocolonial qui lui ont fait tant de mal.
Incontournable
Pourquoi la question Franck Biya devient un sujet récurrent dans notre société? Probablement parce que Franck Biya est la seule personne qui rassemble à lui seul le plus grand nombre de confluences pour devenir le prochain président du Cameroun. Naturellement, la destinée d’un prince est de devenir roi. En Afrique le pouvoir a une forme de reproduction sociale monarchique. Au Cameroun étant donné que la question sur la succession se profile, Franck s’impose d’une part comme un successeur naturel et d’autre part comme un adversaire naturel, car certains ont peur de la reproduction monarchique dans la démocratie Camerounaise comme cela a déjà eu lieu au Togo, au Tchad, au Congo en Guinée équatorial…Les mystères qui entourent les arcanes du pouvoir restent une conjoncture assez énigmatique. Ils sont meublés des pages complexes et ambiguës de citoyens ordinaires qui ne présentent pas toujours leur destin d’hommes d’Etat. Le Cameroun depuis quelques années est confronté à ce cas d’illustration avec Emmanuel Franck Biya, figure ordinaire de fils de chef d’Etat dont la trajectoire politique n’était pas perceptible au premier abord et qui d’entrée de jeu ne présageait pas un destin d’homme de pouvoir. Beaucoup ne le savent pas mais Vladimir Poutine a été un illustre inconnu dans l’échiquier politique russe mais travaillait plutôt dans les services d’espionnage. Franck Biya a lui aussi été une tour d’ivoire qui ne donnait pas les soupçons d’un entrepreneur politique avenir. Sa configuration intrinsèque était celle d’un jeune homme effacé, une colombe recroquevillée dans les plumes de la réserve et de la discrétion. Franck Biya tout comme Vladimir s’est affirmé comme étant un illustre produit du monde des affaires. Sa programmation existentielle était celle d’un homme d’affaires forgé à des activités d’industrie et de commerce incompatibles à la noblesse de l’Etat. Il a toujours montré son attachement à des activités autres que celles de la politique, on aurait cru qu’il voulait même s’affranchir des contraintes de palais. En attendant que Franck Biya se prononce sur ses intentions, la transition au sommet de l’Etat du Cameroun reste d’actualité, nourri par des rumeurs sur l’incapacité du président Paul Biya à diriger le pays.
Source La Revue du Patriote