Environ 10 mille camerounais réclament le remboursement des frais d’établissement de passeport versés au gouvernement avant l’entrée en vigueur de la biométrie.
Depuis le 1er juillet 2021 dernier, le passeport camerounais coute 110.000 FCFA. La décision a été prise le 7 juin par une ordonnance présidentielle, modifiant la loi de finances 2021. «Le droit de timbre sur les passeports nationaux est fixé, à compter du 1er juillet 2021 ainsi qu’il suit: délivrance, renouvellement et prorogation des passeports ordinaires: 110 000 FCFA; le reste sans changement», précise Paul Biya. Il s’agit là d’une hausse de 35 000 FCFA. Les raisons de cette flambée du prix du passeport ne sont pas contenues dans l’ordonnance présidentielle. Mais cette hausse fait partie, dit-on des 2743,1 milliards de FCFA de recettes fiscales attendues au cours de l’année 2021. C’est la troisième hausse des frais des timbres pour passeports ces deux dernières décennies. De 30 000 à 50 000 FCFA, ces frais ont augmenté en 2016 de 50.000 à 75.000 FCFA avant de passer à 110.000 FCFA depuis le 1er juillet dernier. Les pouvoirs publics expliquent que ces différentes augmentations visent à donner des moyens conséquents à l’Etat pour moderniser et sécuriser ce document d’identification et de voyage. Mais des sources au sein de la Délégation générale à la sureté nationale (DGSN) indiquent que cette hausse vise également à décourager plusieurs demandeurs de passeports dont l’utilité n’est pas toujours prouvée. Un document qui subit une forte demande ces dernières années en dépit des difficultés rencontrées dans sa délivrance. Pour simplifier son établissement et son obtention, la DGSN et le consortium allemand INCM Augentic ont signé, en septembre 2020, un contrat de production pour le passeport biométrique qui est désormais délivré en 48 h.
Parcours du combattant
Seulement, avant l’avènement du nouveau système de production de passeport, plusieurs camerounais à travers le monde sollicitaient déjà le dit document sans avoir la possibilité de s’en approprier. Selon certaines informations, le prestataire qui fournissait des cartons de passeport réclamait à l’Eta camerounais une facture de 4 milliards de FCFA, toute chose qui ne rendait plus possible la production de ce précieux sésame. C’est ici que la mafia est entrée en jeu. Entre extorsion arnaque et pénurie des talons, les populations criaient leur ras-le bol. En face, les autorités en charge de ce document de voyage indexaient les réseaux mafieux et rassuraient quant à la disponibilité du passeport que malheureusement les usagers n’en voyaient la couleur. Ils sont aujourd’hui un peu plus de 10 mille à en avoir sollicité et attendent toujours. Car, avec l’entrée en service des passeports biométriques, ils s’attendaient à ce que le gouvernement prenne en compte ceux qui avaient des dossiers en instance, quitte à leur demander de s’aligner sur les nouveaux couts. Jusqu’ici, rien n’est dit et c’est la désolation totale. Le gouvernement devrait communiquer sur ce sujet pour rassurer les victimes de ce qui ressemble à une arnaque gouvernementale. En effet, d’aucuns ont vu leurs voyages annulés et même des opportunités d’affaires envolées du fait de l’incapacité du gouvernement à produire ce document. Le silence des autorités en la matière peut être considéré comme du mépris. Il est surprenant de constater toute l’agitation autour du nouveau passeport dont on décrit déjà des abandons au centre de production sans même faire allusion à ces milliers de camerounais qui ont sollicité le passeport avant ceux-là.