Crèmes, lotions, sérums, laits, pommades, poudres, savons en liquide et en morceaux… Récit de l’utilisation de badigeons divers qui coûtent si cher aux femmes et à leur famille.
Les deux filles de dame Medou sont nées brunes, très brunes, presque métisses. Lorsqu’elles étaient âgées de 15 ans, dame Medou a constaté qu’elles étaient encore plus claires que d’habitude. Elle a cherché à savoir à quoi c’était dû, et en les interrogeant, elle a appris qu’une dame, amie de la voisine qui est coiffeuse, leur avait vendu un produit pour nettoyer leur peau qui avait noirci pendant leur séjour au bord de la mer à Kribi. L’esthéticienne leur a vendu une de ses mixtures qui leur a presque arraché la peau, elles étaient devenues totalement jaunes en quelques semaines seulement. Elles ont stoppé l’emploi de ce produit après constat et parce que leurs camarades et leur mère s’en étaient inquiétés.
Sept ans plus tard, elles refusent toujours de communiquer le nom et l’adresse de cette dame à leur génitrice. Les jeunes avaient demandé un soin pour nettoyer le visage, elle leur a vendu un poison. Leurs visages n’a pas subi de gros dégâts, l’une s’en est sortie indemne, l’autre n’en finit plus de soigner les boutons qui vont et viennent, malgré des soins médicaux auxquels la famille a dû recourir.
Au total à l’hôpital près de 200 000 FCFA ont été engloutis dans des soins qui sont efficaces un mois ou un trimestre et ne le sont pas le reste du temps. La potion de l’esthéticienne avait coûté seulement 7 000 FCFA. La maman, elle-même naturellement brune était en colère parce que ses filles sont les témoins de sa propre mésaventure avec un cosmétique. Son visage a gardé durant plus de six ans des séquelles d’une lotion qu’elle avait employée pour nettoyer son visage et faire ressortir l’éclat de son teint. Dame Medou n’avait jamais eu recours à une lotion avant, elle en avait pris à une de ses nièces qui en usait et dont le teint était éclatant. Avant pourtant elle employait un seul lait éclaircissant sur son visage et sur son corps qui ne la décapait pas. Avec cette lotion, elle ressemblait à un démon, elle avait une peau quelconque sur le visage. Aucun autre badigeon qu’on lui a conseillé n’est venu à bout de cette difformité cutanée.
Depuis trois ans, elle a cessé d’utiliser des produits cosmétiques, aussi bien sur son visage que sur son corps, et ses couleurs naturelles reviennent peu à peu. Depuis le déclenchement de la lutte contre le blanchiment de la peau par le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, le sujet fait couler beaucoup d’encre et de salive. L’homme de la rue est partagé entre le désir de protéger la santé et celui de faire de l’argent. Le Minsanté quant à lui a déjà prévenu qu’il ne reculera devant rien pour atteindre ses objectifs dans ce projet à fort impact de santé. Le Dr Manaouda Malachie l’a déclaré au cours d’un point de presse donné suite à la publication du décret présidentiel de septembre 2022 portant création et organisation de l’hôpital général de Garoua.