Ils entrent dans ce que l’on appelle communément la médecine alternative. C’est un mélange de produits traditionnels et de produits pharmaceutiques dont on ignore les caractéristiques Chimio bactériologiques.
Le vendredi 19 février 2017, près de 500 personnes se sont réunies dans une des salles de conférence du tout nouvel immeuble de la communauté urbaine de Yaoundé. Motif de la rencontre, le lancement des activités d’une entreprise de promotion et de commercialisation des médicaments faits à base des cellules souches végétales. Une succursale de la société à capitaux indonésienne aurait été créée il y a six mois au Cameroun, et c’est l’occasion pour les principaux dirigeants de faire la connaissance de leurs collaborateurs locaux. Durant toute la journée, les principaux organisateurs de l’événement, emmenés par le pasteur Boukar ont débattu de l’efficacité des produits de cette marque, les bénéfices médicaux et surtout financiers que l’on peut en tirer. Des chèques d’un montant d’environ 100 millions ont été distribués à une vingtaine de personnes au titre de bonus pour leurs ventes.
Parmi ces bénéficiaires, un des agents qui s’est absenté peu avant la remise des chèques. Nous l’avons approché deux jours plus tard. Il a été surpris d’apprendre qu’il avait été récompensé pour un travail qu’il n’a pas encore réalisé. «Quand est-ce que j’ai vendu et quel volume de produits ai-je pu écouler pour recevoir la somme de 2,5 millions de FCFA ?», Nous a-t-il demandé. De plus, cette personnalité a été l’une des pionnières dans la vente en réseau des compléments alimentaires dans notre pays. Mais il n’avait jamais perçu une telle somme au bout de seulement six mois, malgré ses performances, a-t-il révélé.
Comme lui, deux dames elles aussi bénéficiaires se sont montrées très surprises par leur récompense. Non pas à cause du montant, 04 millions de FCFA, mais du fait des prouesses qu’on leur a attribuées. Nous nous sommes approchés du pasteur Boukar pour parler du fonctionnement de sa succursale sur notre sol. Selon ses dires, «J’ai ouvert un compte entreprise dans une grande banque de la place et c’est celle-ci qui a sélectionné les laboratoires qui allaient effectuer le contrôle de la qualité de nos produits». A l’en croire, il a obtenu une autorisation d’un service du Ministère de la Santé publique qui est situé près de la télévision nationale et dont il ignore le nom.
Il s’agit de la Direction de la Promotion de la Santé (Dps) qui était représenté par un de ses cadres que nous avons reconnu en salle. Le Dr Bernard Sheumaga, le Dps que nous avons interrogé ne connaît pas cette entreprise et croit n’en n’avoir jamais entendu parler. Le Dr Ateba, directeur de la Pharmacie, du médicament et des laboratoires dont le service est domicilié dans le même immeuble n’en n’est pas plus informé, admet-il. Un cadre de la sous-direction de l’alimentation a vu passer le dossier et sait que l’autorisation est en voie de signature, ce sera fait dans les tous prochains jours. D’autres sources à la Dps notent qu’aucune firme de vente de compléments alimentaires et d’autres produits de la même catégorie dans le pays n’a une autorisation légale, puisque les contrôles ne sont pas encore officiellement lancés.
Des sources concordantes à la Dps, «le dispositif matériel de contrôle n’est pas prêt pour que les opérations commencent». En attendant, les promoteurs ont l’obligation de déposer au service du contrôle de la qualité à la Dps un lot requis selon les procédures. Par ailleurs, il y a confusion dans le libellé du produit, il faut distinguer les compléments alimentaires des médicaments, la plupart seraient des produits pharmaceutiques en bonne et due forme. L’Europe, puis la France depuis mars 2006, a défini très précisément ce qu’était et ce que pouvait contenir ou non un complément alimentaire. La définition est très précise, elle indique que les compléments alimentaires sont des denrées alimentaires dont le but est de compléter un régime normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses. Par dose, on entend toutes les formes classiques : gélules, pastilles, comprimés, ampoules, ou encore sachets. On entend par médecine alternative, un savant mélange de médecine moderne et de médecine traditionnelle, donc villageoise. C’est-à-dire des domaines où les dérives sont prévisibles et nombreuses.